jeudi 29 septembre 2011

Pub Eram : Des lesbiennes, après la parodie The Kooples !

La campagne de pub Eram 2011

L’approche pub d’Eram a pourtant évolué et après avoir fait une parodie amusante de The Kooples, la marque s’introduit dans le débat très actuel autour du mariage homosexuel et de l’homoparentalité.L’idée est géniale : montrer un couple de deux femmes avec un enfant illustré par le slogan « comme disent mes deux mamans, la famille c’est sacré. » De quoi déplaire fortement aux conservateurs catholiques et c’est bien là le but.
C’est une démarche doublement provocante parce que non seulement elle met en scène un couple de personnes du même sexe, mais un couple de femmes. En effet, si le couple d’hommes est devenu depuis quelques années un classique dans les films, les séries télé et les pubs, bien plus rares sont les représentations de lesbiennes. Qui plus est, si en général les représentations des homosexuels sont fortement caricaturales (des hommes hyper efféminés et affectés ou des femmes masculines et laides), on a là un couple de femmes jolies et branchées, sans une once de masculinité, qui affichent leur amour avec naturel et simplicité.
Les stéréotypes sont ainsi brisés et la marque va encore plus loin en introduisant dans sa campagne le mixage social. En effet, la présence d’un enfant métis au côté du jeune couple est indirectement une incitation à l’adoption d’enfants d’origine étrangère.

Les réactions

Comme on pouvait l’espérer, la réaction des ultra-conservateurs ne se fait pas attendre. On peut même dire qu’ils tombent dans le piège sans prendre le moindre recul et s’exposent au ridicule. Sur contre-info.com on peut lire, non sans stupéfaction : « Ignoble ! Ce qu’Eram veut pour la famille et la race blanche… On aura rarement vu une propagande dégénérée, anti-familiale et métisseuse aussi grossière, aussi énorme ! Vous savez maintenant où ne pas acheter vos chaussures. » Chrétieneté Info a même lancé des appels de boycott. On peut dire que le but est atteint : la campagne fait du bruit !
Pour la communauté lesbienne, cette campagne représente une réelle avancée en matière de visibilité. Comme l’observe la rédaction du site  L-es Crapulettes.com« les responsables ont tenu à faire ressortir le contraste entre les valeurs traditionnelles et l’évolution de la société actuelle qui veut qu’il n’y ait pas un sacro-saint schéma familial mais bien des modèles tous originaux qui n’en restent pas moins des familles. »

mercredi 14 septembre 2011

Benoît XVI au pays de l’anti-papesse

La visite prochaine du pape dans trois villes allemandes nourrit une forte contestation, surtout à Berlin. Des militants, gays, lesbiennes et féministes, se sont regroupés pour organiser un “accueil personnalisé” au saint-père, explique Die Tageszeitung.
La première tâche que Rosa I a dû accomplir après avoir pris ses fonctions, c’est l’éloge funèbre de la diva de la soul Amy Winehouse. Rosa I est l’antipapesse de Berlin. Elue récemment, elle est le symbole du mouvement de protestation contre la visite de Benoît XVI en Allemagne, le 22 septembre. 

“La visite du pape n’est qu’une mise en scène dont l’Eglise espère tirer profit alors qu’elle n’a rien à proposer sur le plan social”, déclare Johannes Witten, porte-parole de "What the fuck", une alliance de groupes gays et féministes qui s’est constituée à Berlin pour protester contre la venue du pape. Ces dernières semaines, le mouvement a organisé des manifestations et élu l’antipapesse. “Le matin nous accueillerons le pape avec une manifestation à l’aéroport et le soir, nous lui montrerons que l’Eglise catholique ne détient pas la vérité à Neukölln, où il compte dormir”, poursuit Witten. 

Quand le pape Benoît XVI se rendra en Allemagne, le 22 septembre, il ne pourra se contenter de célébrer des messes avec des catholiques en liesse et de parler au Bundestag. Il devra s’attendre à de grandes manifestations. Voilà des mois que certaines organisations se préparent à sa visite à Berlin, Erfurt [au centre du pays] et Fribourg-en-Brisgau [au sud]. La résistance s’organise surtout dans le milieu gay et lesbien. 

C’est à Berlin que s’est formé le plus grand mouvement. Fondé par la fédération Berlin-Brandebourg de l’Association des gays et lesbiennes d’Allemagne (LSVD), il s’appelle “Le pape arrive” et entend protester contre l’homophobie, la misogynie et l’interdiction des préservatifsprônées par le pape. Il regroupe plus de cinquante-cinq organisations comme Pro Familia [planning familial et éducation sexuelle] ou Aids-Hilfe [lutte contre le sida] mais aussi des syndicats et des partis politiques. Le mouvement compte réunir jusqu’à 20 000 personnes le 22 septembre et prévoit de manifester porte de Brandebourg [à Berlin] dans l’après-midi. “A portée d’œil et d’oreille du Bundestag, où le pape fera son discours”, précise Jörg Steinert, de la LSVD. Les autorités ont interdit la manifestation. 



http://www.courrierinternational.com/article/2011/09/13/benoit-xvi-au-pays-de-l-anti-papesse

lundi 12 septembre 2011

We are everywhere: gay and lesbian Iranians come out on Facebook

Campaign defies regime that punishes homosexuality with death by sharing personal stories online

Iran's gay and lesbian community is struggling to win some recognition by coming out in defiance of a regime that criminalises homosexuality.
A group of gay, lesbian, bisexual and transgender Iranians have posted videos of themselves on Facebook in a campaign to highlight the discrimination against sexual minorities in Iran where homosexuals are put to death.
Hundreds of Iranians in and outside the country have joined a Facebook page, called "we are everywhere", which encourages members to share their personal stories online. Members of the campaign in Iran have posted audio messages or videos which do not reveal their identity while some outside talked about their sexual orientation freely.
"As a gay person, my biggest problem in Iran is that I cannot be my real self," said an Iranian gay man, only identified as Mehdi, who has posted a video online from inside Iran. "I always have to play a role. I always have to suppress my own existence and part of my identity and hide myself in fear from the society and potential problems that I might face."
In the video, Mehdi has shown his face from his mouth down. "Like this video, I always have to hide a part of myself from others in my life," he said.
Another video of an Iranian gay man, posted from outside the country, shows a man with his face out of the image, who has written his speech on a roll of kitchen towel which he scrolls down in front of camera. "I am an Iranian gay. I fear to show my real face, I fled Iran, I escaped from my own family, I was driven away from my country. Now, I am a gay refugee in Turkey and count the days, we are everywhere."
Turkey is home to many Iranian gay asylum seekers who have fled Iran through mountains. Many of them have complained that they have gone to Turkey to seek refuge but had been subject to homophobic attitudes from locals.
In recent years, Iranian homosexuals have founded at least two LGBT organisations outside the country. Some opposition media, such as the website of Radiozamaneh, an Iranian radio station based in Amsterdam, have devoted a specific section to the discussion of the homosexual issues.

mercredi 7 septembre 2011

Homophobie, racisme: des lesbiennes sud-africaines témoignent

Quinze femmes de tous horizons racontent des passages marquants de leur existence dans un livre anglophone émouvant. Elles y parlent notamment de lesbophobie.
Bas les masques. Quinze Sud-Africaines féministes confient dans Reclaiming the L-Word pourquoi elles se sentent lesbiennes, pourquoi elles le revendiquent et ce que leur orientation sexuelle leur a coûté. Car même dans la nation Arc-en-ciel -où la constitution garantit les droits des homos- les lesbiennes doivent encore se battre pour être reconnues pour ce qu'elles sont.
En témoignent les violences subies. «En tant que lesbienne, la haine, la violence et la misogynie me suivent où que j'aille. Je suis tombée enceinte après avoir été violée par un homme que je pensais être mon ami. J'ai été tabassée à cause de mon orientation sexuelle, sur l'instigation de personne d'autre que ma mère», raconte Marco P. Ndlovu dans un récit d'abord publié lors d'une action contre la violence basée sur le genre, en 2009.
Climat menaçant
C'est entre autres à cause de ce climat, plus menaçant dans les banlieues noires pauvres (townships), qu'une minorité de femmes ont préféré dissimuler leur identité. Les autres ont accepté de publier leur photo, qui présente souvent un visage souriant - dissimulant un temps les blessures, discriminations ou humiliations, mais soulignant l'humour de certaines. Exemple avec Alleyn Diesel, qui a également édité le livre, sorti le 23 août à Johannesburg.
«Je me suis souvent demandée comment les hommes, l'Autre, me voient. Et bien, cela dépend de qui ils sont, bien sûr. Le gars «moyen» que je rencontre pourrait bien me voir comme non séduisante (jambes poilues!), plutôt inamicale (je ne flirte pas quelque soient les circonstances), manquant d'humour (je suis offensée par les blagues sexistes et galvaudées), impatiente (surtout avec les attitudes macho).»
«J'ai su que ma maman comprenait l'amour»
Très naturellement, plusieurs femmes évoquent le régime raciste, ségrégationniste, sexiste et homophobe de l'Apartheid -instauré en 1948 par la minorité blanche, et totalement aboli en 1991. Ainsi, Alleyn Diesel, Shifra Jacobson et Marco P. Ndlovu partagent des épisodes de leur lutte anti-Apartheid. Addie Linley avoue des préjugés racistes lorsque sa compagne a voulu adopter un enfant noir. Liesl Theron souligne qu'être dans un couple mixte lesbien expose à des «défis» permanents...
Et l'amour dans tout ça? Il est partout. Dans la poésie sensuelle qui ponctue l'ouvrage et dans les récits qui magnifient les femmes, le partenaire d'hier ou d'aujourd'hui, les enfants semi-biologiques ou adoptés, ou famille. Zanele Muholi, qui prépare un projet photo sur les crimes de haine dans les townships, a pour sa part rendu un vibrant hommage à sa mère décédée, qui avait expliqué à une tante que «Zanele ne s'intéresse pas aux hommes». «A partir de ce jour, indique la célèbre photographe, j'ai su que même si ma maman n'avait jamais eu l'opportunité d'avoir une éducation plus poussée, elle comprenait l'amour.»
Reclaiming the L-Word
Edited by Alleyn Diesel
Modjaji Books
Le livre est disponible sur des sites comme Amazon.

http://www.tetu.com/actualites/international/homophobie-racisme-des-lesbiennes-sud-africaines-temoignent-20099

lundi 5 septembre 2011

SheWired - T-Time with Tatum: Ep. 106 'Elena Undone's Traci Dinwiddie, The Art of Onscreen Kissing - Video

SheWired - T-Time with Tatum: Ep. 106 'Elena Undone's Traci Dinwiddie, The Art of Onscreen Kissing - Video




Un bar gay est-il une bonne affaire?

Un bar peut-il gagner de l’argent alors même qu’il exclut 90% de la population?



Gagner de l’argent avec un bar est chose difficile, même dans le meilleur des cas. Les charges sont élevées, les clients versatiles, et le personnel, fluctuant. Selon le Bureau du recensement américain, le nombre de débits de boissons aux États-Unis a chuté de 11,1% entre 1997 et 2007, passant de 52.825 à 46.924.
Pour les bars gays, le seuil de rentabilité est encore plus difficile à atteindre. Les guides Damron, qui répertorient tous les bars LGBT depuis 1964, ont constaté que leur nombre avait diminué de 12% entre 2005 et 2011 (passant de 1.605 à 1.405). Un bar peut-il gagner de l’argent alors même qu’il exclut 90% de la population?

Jusqu'à récemment, oui

Jusqu’à récemment, la réponse était: oui. Les gays avaient si peu d’endroits où sortir qu’ils fréquentaient n’importe quel établissement qui, même à contrecœur, leur ouvrait ses portes. Les frais de fonctionnement de ces bars étaient faibles, vu qu’ils se trouvaient souvent au milieu de nulle part et ne nécessitaient pas de déco recherchée. L’improbabilité de l’emplacement et l’absence de fioritures participaient d’ailleurs souvent au frisson de l’interdit. En 1977, Brandon Judell publia dans le magazine gay Blueboy un article sur les backrooms (des bars où les mecs vont pour baiser). Pour lui, leur succès était avant tout dû au «bon vieux capitalisme»:
Avant les backrooms, les gays se retrouvaient dans des fourgonnettes, des contre-allées, sur des collines désertes ou dans des entrepôts. Mais lors de ces étreintes joyeusement moites, on courait le risque de se faire blesser par quelqu’un ou quelque chose. […] Alors, pourquoi ne pas ouvrir un établissement? […] Servir de la bière, mettre un jukebox. Il ne faudrait pas un gros investissement pour pasticher l’érotisme dangereux de ces planques, et les gains seraient énormes et rapides.
Mais pour les patrons à qui j’ai parlé, les gains ne sont ni «énormes [ni] rapides».

Difficile de faire des bénéfices

Aujourd’hui, la communauté LGBT ne se limite plus aux établissements communautaires, le sida a rendu les backrooms moins attractives, et les rencontres se font autant sur Internet que dans les bars.
Mark Stoner, un architecte (et ancien stagiaire de Slate.com) a consacré 12 mois à plein temps, 18 mois à mi-temps et 200.000 dollars pour ouvrir le Pony, à Seattle. Son chiffre d’affaires annuel, m’a-t-il confié, s’élève à 350.000 dollars, mais ses frais fixes (salaires, assurance, marchandises, publicité) sont étonnamment élevés. [Chaque année, Mark Stoner paie des milliers de dollars à l’équivalent américain de la Sacem pour avoir le droit de diffuser de la musique dans son bar] Selon lui, les bénéfices sont «suffisants pour vivre, mais sans plus. Ce n’est pas avec un petit bar qu’on s’enrichit. [Le Pony a une jauge de 113 personnes]. Pour faire fortune, il faut un bar beaucoup plus grand, et brasser d’énormes volumes».
Pour les établissements lesbiens, c’est encore plus difficile, ce qui explique leur rareté. Loin des grandes villes, beaucoup de bars dits «gays» accueillent une clientèle aussi bien masculine que féminine, mais dans les centres urbains, les bars gays sont beaucoup plus nombreux que les lesbiens.

Moins de lesbiennes que de gays dans les bars

D’après l’édition 2011-2012 des Gayellow Pages («Pages jaunes gays»), San Francisco compte un bar lesbien, 24 bars à la clientèle principalement gay et 7 à la clientèle mi-gay mi-lesbienne. Atlanta compte 2 bars lesbiens, 12 bars gays et 8 mixtes. Manhattan possède 2 bars lesbiens, 28 gays, 13 mixtes, et Seattle, 1 bar lesbien, 4 gays et 6 mixtes.
Plus intéressées par les relations de longue durée, les lesbiennes fréquentent moins les bars que les gays. Maggie Collier, la directrice de Maggie C Events, une société new-yorkaise qui organise des soirées, m’a confié:
«Les femmes sortent pour trouver une compagne. Quand elles l’ont trouvée, je ne les vois plus pendant deux ans. Puis, tout à coup, elles se remettent à sortir, ça veut dire qu’elles ont rompu. On les voit alors chaque semaine à chaque fête jusqu’à ce qu’elles se trouvent une nouvelle [copine] et qu’elles disparaissent à nouveau.»
Elle ajoute: «Les gays sortent beaucoup plus. Ils draguent. Ils veulent s’amuser».

Des bars non mixtes

Avant Stonewall, les gays et les lesbiennes étaient plus susceptibles de fréquenter les mêmes bars. Cela leur permettait d’avoir une couverture en cas de descente de police, les hommes se mettant alors à danser avec les femmes. Par ailleurs, un ou une ami(e) rencontré(e) au bar pouvait servir à donner le change lors de soirées professionnelles ou familiales.
Pourtant en 1959, J.D. Mercer, l’auteur de They Walk in Shadowécrivait déjà:
«Les homosexuels hommes et femmes fréquentent rarement les mêmes établissements. Chaque groupe est gêné par la présence de l’autre groupe, encore plus que par celle de clients "normaux".»
De nos jours, il arrive qu’une lesbienne fréquente un bar gay pour ses boissons pas chères, mais dès qu’il s’agit de danser ou de flirter, elle préfère le no man’s land des bars de filles. Autrement dit, les bars homos ne se limitent pas à la communauté homosexuelle, ils se limitent à la moitié de celle-ci.
Les établissements réservés aux femmes étaient particulièrement populaires dans les années 1970 et 1980, et cela a fini par agacer certains mecs hétéros, qui n’avaient pas l’habitude d’être exclus. Ce fut un vrai casse-tête pour Elaine Romagnoli, propriétaire de plusieurs bars lesbiens à New York dans les années 1970:
«Le gros du harcèlement venait d’hommes hétéros qui ne pouvaient pas entrer. Ils écrivaient carrément à la ligue des droits de l’homme ou autre, et je me retrouvais convoquée.»
Car il est interdit d’exclure un homme sous le seul prétexte qu’il est un homme.
«S’il est en âge de boire et qu’il est sobre, il a le droit d’entrer. La parade qu’on avait trouvée, c’était d’exiger le port de la chemise et de la cravate.»
Une association d’étudiants de l’Université de New York avait ses locaux juste en face de son premier bar, le Bonnie & Clyde. «Pour eux, c’était devenu un jeu, un défi, d’arriver à faire entrer un des leurs. Ils connaissaient la loi, et ils portaient une cravate. On était obligées de les laisser entrer». Mais Elaine Romagnoli avait également une autre tactique:
«J’ai essayé de rendre le bar le moins attractif possible. Je mettais les poubelles juste devant la porte pour que personne n’ait envie d’entrer par hasard.»

Des quartiers sordides pour des loyers peu chers

Au fil du temps, la réponse des bars à leurs problèmes spécifiques a évolué. Traditionnellement, ces établissements se situaient dans des endroits isolés, même si cela exigeait que les clients aient les moyens et la motivation de s’y rendre. Dans un poème publié à la fin des années 1970 dans une revue féministe, Chocolate Waters écrivait:
«Le problème des bars lesbiens de cette ville/est qu’ils sont tous en face de/l’usine Pepsi Cola ou/des Chauffages Électriques Joe.»
En réalité, si ces troquets s’installaient dans des quartiers sordides, c’étaient pour des raisons financières. Mac McCann, qui possédait plusieurs bars lesbiens dans le Midwest, fit publier un droit de réponse cinglant au poème de Waters:
«Les bars ne fleurissent pas dans les beaux quartiers. Cela coûterait une fortune d’ouvrir un bar loin de tous les Pepsi Cola et Chauffages Électriques Joe du monde.»

Les avantages des zones sinistres

Cependant, il n’y a pas que les loyers modérés qui attiraient les propriétaires dans les zones industrielles et les quartiers difficiles. Ces endroits discrets protégeaient en quelque sorte leur clientèle. La plus grande crainte des homosexuels non assumés était que des collègues, des membres de leur famille ou des maîtres chanteurs pénètrent par hasard dans leur sanctuaire, ou qu’on les voie entrer ou sortir. (Alors qu’aujourd’hui, les patrons de bars et les organisateurs de soirée affirment que le meilleur moyen de créer le buzz est de poster sur Facebook des photos de leurs clients en train de s’amuser.)
Ces emplacements sinistres avaient une autre utilité. Dans Gay Bar,les mémoires d’une tenancière dans les années 1950, Helen Branson écrit:
«Si le propriétaire d’un bar gay souhaite éviter les plaintes ou le harcèlement du voisinage, il vaut mieux qu’il opte pour un emplacement peu prestigieux.»
Revers de la médaille, les clientes de Mac McCann retrouvaient souvent leurs véhicules vandalisés, et certaines se sont fait agresser.

L'aseptisation actuelle

De nos jours, en ville, ces établissements ont tendance à se regrouper dans les quartiers gays (Greenwich Village et Chelsea à New York, Castro et SoMa à San Francisco, Dupont Circle à Washington), tout comme les bars sportifs prolifèrent autour des stades.
À Seattle, le Pony est à quelques pas d’un autre bar gay, le Madison Pub, et à quelques pâtés de maisons de la rue la plus animée de Capitol Hill, où se trouvent les principaux bars et clubs de la ville. Pour Mark Stoner, c’est un véritable atout de se trouver en plein cœur de la vie nocturne et à proximité d’autres bars gays. En effet, dans le centre, les gens passent de bar en bar, et ils sont plus enclins à sortir s’ils n’ont pas à reprendre le volant entre deux établissements.


Le Pony a beau être en centre-ville, il ne cherche pas à cacher sagaytitude. Sur la porte, une pancarte annonce la couleur:«ATTENTION: CECI EST UN BAR GAY, UN BAR TRÈS GAY. N’ENTREZ PAS SI VOUS N’ÊTES NI QUEER NI ADMIRATEUR.»Marcus Wilson, le gérant, explique pourquoi le Pony a choisi d’évincer les hétéros coincés:
«En 20 ans, les gays et les lesbiennes ont acquis un poids politique. La clé du succès, pour la majorité, c’est d’être le plus inoffensif possible. Ils veulent gommer les aspérités, se fondre dans la masse. Quand les gays étaient marginaux, les bars étaient plus typés, plus colorés, avec des mecs en cuir, des trans. Les bars gays ont découragé la diversité. Aujourd’hui, ils ont tous la même déco et la même musique. Ils visent la neutralité. Certains bars ressemblent à des salles d’attente d’aéroport, sans rien de choquant… ni de stimulant. Je veux prendre le contre-pied de ça.»
Il y a à peine 15 ans, les bistrots pullulaient dans certaines rues de Seattle. Aujourd’hui, ils ont quasiment tous disparu. Le Pony a essayé de recréer leur atmosphère sans prétention («un lieu où les gens peuvent se détendre et être eux-mêmes», dixit Mark Stoner), en y ajoutant une tonalité gay.
Jusqu'à quel point? Le vendredi soir où j’y suis allée, un go-go dancer dansait en slip sur le bar, un écran vidéo montrait des lutteurs au corps huilé, et les murs étaient recouverts de photographies de nus tirées de vieilles revues. Ces nus laissaient souvent tout voir, mais seuls quelques pénis étaient recouverts d’un triangle rose stratégiquement placé.
Stoner m’a expliqué que l’État de Washington interdisant les images à caractère pornographique dans les bars, un inspecteur du Bureau de contrôle de l’alcool était venu au Pony avant son ouverture pour déterminer quels clichés relevaient de l’art et quels autres de la pornographie.
Pourtant, ces symboles sont clairement un gros clin d’œil camp (non, ce n’est pas un backroom à la papa)Par exemple, les toilettes sont divisées en deux sections: Hommes et Garçons, mais en réalité, les femmes sont les bienvenues au Pony. (Quand j’y suis allée un dimanche avec mon amie Susan pour un thé dansant, un vague collègue à elle est venu nous inviter à nous joindre à son groupe d’amis). Les fenêtres du bar sont opacifiées par des logos en carton, mais ce n’est pas par nécessité, comme cela aurait été le cas il y a une génération. C’est un choix esthétique, un rappel stylisé du passé.

La clientèle gay est compliquée

Le Pony rend hommage aux bars gays de l’ancienne génération, tout en profitant des avantages de la nouvelle. Une chose ne change cependant pas: la clientèle, toujours aussi compliquée à en croire les patrons de bar.
Selon Elaine Romagnoli qui, en plus de plusieurs bars lesbiens à Manhattan, possédait autrefois un bar restaurant hétéro à Long Island, la principale différence entre les deux clientèles est que «les mecs hétéros dépensent beaucoup plus. Ils laissent de plus gros pourboires. C’est dans leurs habitudes. Il faut dire qu’ils gagnent mieux leur vie [que les femmes]».
Pour Brett Thomas, qui possède trois bars hétéros gay-friendly dans l’Iowa, en plus de l’unique bar gay d’Iowa City, les homos et les hétéros ne consomment pas de la même façon:
«Un gay va choisir la boisson qui lui en donnera le plus pour son argent. Les hétéros se prennent moins la tête.»
Mark Stoner dit que dans les bars gays, les clients veulent des boissons corsées, pas chères et servies généreusement. Dans l’État de Washington, le prix de gros de l’alcool est fixe mais, contrairement aux bars à cocktails qui se multiplient, le Pony ne peut pas se permettre de servir de minuscules verres pour 10 dollars. Et cela a forcément une incidence sur la marge de Stoner.

Un nouveau modèle économique

Aujourd’hui, les milieux gay et hétéro se mélangent de plus en plus dans les bars. Peut-être est-ce dû d’un côté aux habitudes de consommation des gays, et de l’autre à une plus grande tolérance de la part des hétéros. (Le nombre de bars et clubs mixtes hétéros/homos recensés par Damron a augmenté de 42% entre 2005 et 2011, passant de 352 à 502.)
Récemment, un nouveau modèle économique est apparu. Sur l’air de«Pourquoi tant de haine?», ces bars refusent de se restreindre à un seul type de clientèle. À Seattle, j’ai rencontré Erin Nestor, qui tient le Bottleneck Lounge et le tout récent Tommy Gun. Quand je lui ai demandé si ses établissements étaient des bars lesbiens, elle m’a rétorqué:
«Ça ne m’intéresse pas de me cantonner à cette niche. Je suis extrêmement fière d’appartenir à la communauté LGBT, et je connais l’importance des bars gay et lesbien dans notre histoire, mais ce n’est pas mon truc. Je sers avec le même plaisir tous ceux qui entrent dans mon bar.»
Le soir où je me suis rendue au Tommy Gun, les clients semblaient sortir tout droit d’une campagne de promotion pour la diversité: il y avait une tablée d’hommes apparemment gays, un couple lesbien, deux couples hétéros et un groupe de femmes sûrement hétéros.
Début juin, le bar CC Attle’s, une véritable institution chez les gays d’âge mûr, a emménagé juste à côté. Erin Nestor aimerait que «cette portion d’East Olive Way s’anime un peu plus», et le côté «c’est un bar gay-friendly tenu par une lesbienne, mais ce n’est pas un bar gay»pourrait se révéler une stratégie payante.
Certains clients du CC Attle’s s’aventureront au Tommy Gun et s’y sentiront à l’aise, tout comme des fêtards en goguette, des blogueurs à la recherche d’un lieu de réunion, et des amateurs de cocktails de tous bords (Les cocktails du Tommy Gun sont une tuerie).
L’autre troquet d’Erin Nestor, le Bottleneck, est un bistrot de quartier éloigné du centre. Ce serait donc un suicide économique de restreindre sa clientèle (surtout dans une ville où le choix ne manque pas). Pour autant, le Bottleneck n’a rien à cacher. Erin Nestor y accueille régulièrement des soirées caritatives pour des causes gays, et à chaque Gay Pride, ses clients ont droit à des hot-dogs gratuits.
Ainsi, chacun à leur manière, Mark Stoner et Erin Nestor ont trouvé comment rendre leurs bars gays rentables. D’autres sont en quête d’un autre type de gratification. En 2008, Annetta Budhu, une conseillère financière, a repris le Rubyfruit Bar and Grill, un vieux bar lesbien de Greenwich Village qui était au bord de la faillite, car elle ne supportait pas de le voir devenir un restaurant hétéro.
Après avoir transformé le Rubyfruit en RF Lounge, Annetta Budhu adéclaré à la revue lesbienne Go!:
«J’ai investi dans ce projet pour la communauté. […] Les boissons seront vendues à peine plus chères que leur coût de revient, juste de quoi me permettre de faire tourner l’affaire. Je ne fais pas ça pour l’argent, mais pour le plaisir.»
http://www.slate.fr/story/42889/bar-gay-rentabilite

vendredi 2 septembre 2011

California Supreme Court Hears Prop 8 Case

On Tuesday, the California Supreme Court will hear arguments on an important question of California law that has arisen in Perry v. Brown, the ongoing federal challenge to Proposition 8, a 2008 ballot measure that stripped the ability to marry from same-sex couples in California.
The Court must decide whether California law allows the sponsors of Prop 8 to force an appeal in Perry v. Brown—even though the California Attorney General agrees that Prop 8 is unconstitutional. To understand why Tuesday’s hearing is significant, it is helpful to look back on the history of marriage equality in California.
  • May 2008—The California Supreme Court ruled that California’s laws barring same-sex couples from marriage violated California’s Constitution. In the following months, more than 18,000 same-sex couples married in California.
  • November 2008—California voters narrowly enacted Prop 8, which changed the California Constitution in order to once again permit the state to discriminate against same-sex couples.
  • November 2008—Same-sex couples and Equality California challenged Prop 8 in state court.
  • May 2009—The California Supreme Court held that California voters had the power to amend the State Constitution, allowing Prop 8 to stand. The Court also held that the 18,000 plus marriages were still valid and must be honored by the state.
Immediately after that 2009 California Supreme Court ruling, two same-sex couples filed the Perry case in federal court, arguing that Prop 8 violates the U.S. Constitution. The court permitted Prop 8’s official supporters to participate in the case to defend the initiative, and also permitted the City and County of San Francisco to participate to oppose Prop 8. In August 2010, U.S. District Court Judge Vaughn R. Walker ruled that Prop 8 is unconstitutional.
The California Attorney General and the Governor did not appeal Judge Walker’s ruling because they agree that Prop 8 is unconstitutional. But the proponents of Prop 8 filed an appeal in the federal Ninth Circuit Court of Appeals. On January 4, 2011, the Ninth Circuit asked the California Supreme Court for guidance on whether the Prop 8 sponsors have a legal right to force an appeal under California law.
This is the question before the California Supreme Court on Tuesday. While this may seem like a technical issue, it has far-reaching implications for the whole state. California passes many laws through the initiative process, including many that target disfavored groups. Under current state law, California’s Attorney General and Governor can decide not to appeal a court decision ruling that an initiative is unconstitutional. For example, when a federal district court struck down most of Prop 187 (which targeted immigrants) in 1997, then Governor Gray Davis did not appeal that decision. But depending on how the California Supreme Court rules, future Governors may lose the ability to make such final decisions for the state—leaving disfavored groups in California even more vulnerable to unconstitutional initiatives that single them out for attack.
Unlike the Attorney General and the Governor, initiative sponsors are not accountable to the public. All that is required to be an initiative sponsor is to submit the text of a proposed initiative and get enough signatures to qualify the measure for the ballot. In this case, the official supporters of Prop 8 are five individuals. It would be a gross miscarriage of justice—and a blow to California’s democratic system of government—for the Court to rule that a mere handful of private citizens representing only their own narrow interests can make decisions for the entire state.
After the California Supreme Court answers the Ninth Circuit’s question, the case will go back to the Ninth Circuit for a decision. The California Supreme Court may hold that initiative sponsors do not have any special power under state law to step in and override the decisions of the California Attorney General and Governor. If that happens, the Ninth Circuit will likely rule that the Prop 8 supporters cannot appeal the ruling. That would mean that the Ninth Circuit would dismiss the appeal, Judge Walker’s ruling would stand, and same-sex couples would once again be able to marry in California.
Alternatively, if the California Supreme Court holds that California law gives initiative sponsors the extraordinary power to bring an appeal over the objections of the Attorney General and the Governor, the Ninth Circuit would still have to decide whether Prop 8’s supporters meet all of the other criteria to appeal under federal law. If the Ninth Circuit allows them to appeal, the Ninth Circuit would then decide whether to uphold or reverse Judge Walker’s ruling that Prop 8 is unconstitutional.
The California Supreme Court must issue its decision within 90 days of oral argument and is likely to rule even sooner.
NCLR will keep you informed every step of the way during the hearing, which begins at 10 a.m. Pacific. Our legal team, including Executive Director Kate Kendell will be providing you up-to-the-minute legal analysis from the courthouse throughout the day. Follow us on Twitter at @KateKendell and @NCLRights. We will also provide in-depth analysis and a breakdown of the arguments on FacebookNCLRights.org, and our Out for Justice blog.

jeudi 1 septembre 2011

Etats-Unis: Chaz Bono, premier candidat trans de «Dancing with the Stars»

A la rentrée, le fils trans de Sonny et Cher participera à la nouvelle saison de l'émission américaine «Dancing with the Stars». Une première dont se félicite l'association GLAAD mais qui divise les téléspectateurs.



Grande première pour Dancing with the Stars. A la rentrée, l'émission de danse, version américaine de Danse avec les stars, accueillera son premier candidat trans - et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Chaz Bono. La chaîne ABC a en effet officiellement annoncé lundi que le fils de Sonny et Cher participerait à la 13ème saison du programme, qui débutera le 19 septembre prochain outre-Atlantique.
«Un message puissant»
Immédiatement après cette annonce, Chaz Bono a fait part de son enthousiasme sur le site de micro-blogging Twitter, écrivant qu'il était «très heureux» de participer à l'émission. Il a ajouté que cela était «intimidant» et qu'il envisageait cette participation comme un défi.
«En choisissant un candidat trans, ABC envoie un message clair et puissant à ses téléspectateurs sur la diversité», s'est de son côté félicitée la Gay & Lesbian Alliance Against Defamation (GLAAD), association de défense des droits de la communauté LGBT aux Etats-Unis. «A une heure où la communauté transgenre n'est pas équitablement représentée à la télévision, la participation de Chaz Bono est un immense pas en avant et va permettre au public de s'apercevoir que les trans font partie intégrante de la riche culture américaine».
«Cela va trop loin»
Une opinion qui n'est pas partagée pour tous. Suite à cette annonce, la chaîne ABC a été violemment critiquée sur internet par certains téléspectateurs tandis que le forum de Dancing with the Stars a été pris d'assaut de messages assez violents à l'encontre de Chaz Bono. «J'étais malade d'entendre que Chaz Bono participerait à l'émission», écrit par exemple un internaute. «Non pas que j'ai quoi que ce soit contre lui ou la communauté trans, mais je ne veux pas que son style de vie soit continuellement étalé à la télévision».

Un autre téléspectateur déclare qu'il ne regardera plus l'émission. «Prendre Chaz Bono comme candidat va trop loin. Je ne veux certainement pas avoir une discussion avec mes enfants de 7 et 9 ans sur le changement de sexe», explique ce père de famille. «Je ne veux pas que ma famille voit à la télévision l'incarnation de valeurs que je ne cautionne pas».
Transition
L'arrivée de Chaz Bono dans la version américaine de Danse avec les stars intervient alors que le fils unique de Cher a récemment sorti un livre, Transition, dans lequel il explique son processus de réassignation de genre, qu'il a terminé il y a quelques mois, près d'un an après avoir légalement changé de sexe et de nom.
En mai dernier, un documentaire sur sa transition, Becoming Chaz, avait également été diffusé à la télévision américaine. Dans le film, Chaz Bono déclarait au sujet de sa transformation: «C'est la meilleure chose que j'ai faite de toute ma vie. Pour la première fois, mon corps ressemble à ce que je veux». Un corps que cet homme de 42 ans va pouvoir trémousser toutes les semaines devant plus de 20 millions de téléspectateurs.

Gaypon Is The Gay Groupon


A new daily deals site catering to the lesbian, gay, bisexual, transgender (LBGT) and allied communities has just launched, and it’s called Gaypon. The site provides its subscribers with daily offers from local and regional businesses  - but only those businesses known to be gay-friendly.
In addition, Gaypon says a portion of its proceeds will be donated to local and national LGBT organizations and charities.
Initially, you might imagine this site is just the latest to jump on the daily deals bandwagon. But in actuality, it’s introducing a new take on the Groupon model: daily deals for a cause. Gaypon is a valid attempt at creating a groundswell of community support for local businesses that have demonstrated a desire for equality in all their business practices by rewarding them with new customers.
Before becoming a Gaypon merchant, businesses are put through a background check of sorts, where they are investigated for any bad marks, like complaints of discrimination from customers and employees, poor hiring practices, etc. Gaypon says it also uses various tools, like the Human Rights Campaign’s “Corporate Equality Index” that rates American workplaces on gay, lesbian, bisexual and transgender equality.
Gaypon plans to donate a portion of proceeds to charitable organizations, and those that support the gay community, like The Trevor Project, which focuses on crisis and suicide prevention amongst LGBTQ youth, and Affirmations, which is one of the largest LGBT community centers in the United States. The exact percentage of those donations, however, is unclear.
The site promises that your personal data is kept private, too. It’s never sold or handed over to the merchant (unless shipping is involved) and purchases on your credit card appear only as “deal purchase.” That last bit alone proves that we still have far to go as a society in terms of acceptance and tolerance for others. After all, why else would you need to hide that you’re supporting a gay-friendly company?
By the way, Gaypon isn’t just for the LGBT and Allied communities – it’s for anyone who wants to support local businesses that stand up for equality.
Gaypon was founded by Robert Graham, of Clear Channel Radio, and Jason Buszta. It’s based in West Bloomfield, Michigan, which is where the majority of the deals are now located. Deals are forthcoming in NYC, Atlanta, San Francisco, Chicago, San Diego and Phoenix, says Graham. Gaypon’s funding comes from individual donors who wish to remain anonymous.

Le bar gay : Mon premier bar gay

Alison Bechdel, David Rakoff, Dan Savage et bien d’autres racontent leur première incursion dans un bar gay ou lesbien.





’ai demandé à d’éminents écrivains gays, lesbiens ou bisexuels de me raconter leur premier bar gay. N’hésitez pas à partager vos propres souvenirs dans les commentaires ci-dessous. June Thomas
Len Barot, éditrice à Bold Strokes Books, écrit sous les pseudonymes radclyffe et L.L. Raand
Quand j’ai fait mon coming-out, à 18 ans, j’étais à la fac d’Albany (État de New York), en première année. J’avais entendu parler d’un bar lesbien sur Central Avenue, le Hudson Arms. Avant de trouver le courage d’y entrer, je suis passée devant six ou sept fois.
À l’intérieur, j’ai découvert une communauté lesbienne appartenant largement à la classe ouvrière et plutôt méfiante vis-à-vis des étudiantes qui s’échappaient du campus le vendredi soir. Elles se demandaient si nous étions vraiment lesbiennes, parce que nous ne connaissions pas les règles et que nous n’avions pas la tête de l’emploi. (Elles nous appelaient les «ki-ki»: ni fem ni butch.) En effet, les clientes se différenciaient de nous par leur look, leur comportement, leur idéologie.
Au cours de mes trois années d’études, je suis devenue une habituée. Ces femmes constituaient ma communauté, malgré la différence de classe sociale. En fin de compte, ce qui nous a rapprochées, c’est l’activité lesbienne suprême: le softball.
Malgré mes craintes et les difficultés, je n’échangerais cette expérience pour rien au monde. Dernièrement, je me suis réinstallée dans le nord de l’État de New York, et j’ai immédiatement recherché ce bar pour le montrer à ma partenaire. Malheureusement, il a disparu, mais le souvenir de ma première famille lesbienne reste, lui, bien vivace.
Alison Bechdel, dessinatrice, auteure de Lesbiennes à suivre etFun Home: une tragicomédie familiale
Le premier bar homo où je suis allée s’appelait le Satan. Il était à Akron, dans l’Ohio, pendant l’été 1980. J’y suis allée avec une bande de potes. C’était à une heure et demie de la fac, mais personne n’a râlé à l’idée de faire trois heures de caisse pour aller dans un bar pleins d’homos. C’était un bar mixte, moitié gay, moitié lesbien.
À 19 ans, je n’avais clairement pas le droit de boire, mais je suis entrée sans problème. Je suis restée scotchée à mes potes, je n’ai pas dansé, je regardais bouche bée tous ces autres queers. Mais mon ravissement était teinté de mélancolie. OK, c’était super d’être là, il n’empêche, le bar était moche et vulgaire. Étais-je condamnée à passer ma vie dans ce genre d’endroits?
Le plus flippant a été de réussir à commander un verre. Une foule compacte entourait le comptoir. J’ai dû mettre de côté mon individualité et me fondre dans la masse. C’était comme un rite indigène que je devais imiter avec conviction, ou mourir. Finalement, j’ai réussi à commander une Budweiser. J’ai passé la soirée à gratter l’étiquette de la bouteille et à ouvrir grand les yeux.
Susie Bright, auteure de Big Sex Little Death
Le premier bar lesbien où j’ai mis les pieds était l’établissement de ma tante Molly, le Bacchanal, sur l’avenue Solano, près de Berkeley (Californie). Elle m’y avait emmenée faire un peu de ménage et de bricolage avant son ouverture. Je devais avoir 11 ans. J’ignorais alors ce que «gay» voulait dire et la nature de l’établissement où je passais la serpillière. Nous avons écouté des disques de Marlène Dietrich pendant que j’époussetais et huilais le splendide comptoir en bois.
J’ai fait le rapprochement au début des années 1980, dix ans après mon entrée sur la scène lesbienne qui, pour ma génération, se passait autant dans les salles de meeting que dans les bars. Je venais de finir mes études, je vivais à San Francisco avec Honey Lee Cottrell, qui avait treize ans de plus que moi. C’est elle qui m’a parlé un jour d’un vénérable bar lesbien appelé le Bacchanal.
Je l’ai interrompue. «Comment ça? C’est le bar de ma tante!» Un million de disputes familiales, de regards blessés, de rejets silencieux me revinrent soudain en mémoire. Je me rappelais ma mère en larmes, un soir: «Molly refuse catégoriquement de porter une robe!»
Effectivement, ma tante ressemblait à un homme, et ça n’avait pas l’air de la gêner. Honey m’a appris que, dans son bar, Molly se faisait appeler Sean. Sean Halloran. Adulte, j’ai eu peu de nouvelles de ma tante. Quand je l'ai contactée pour me parler de l'histoire gay, elle m'a rembarrée. La marche des «fiertés» lui donnait la «nausée». Elle était de la vieille, très vieille école.
Mart Crowley, dramaturge, auteur de The Boys in the Band
Je ne me rappelle pas mon premier bar gay. C’était il y a plus de 50 ans! J’ai fait mes études à Washington, à l’Université catholique d’Amérique, et je ne voulais surtout pas qu’on m’aperçoive dans les bars gays du coin. Mais le week-end, j’adorais me rendre à New York.
Vers 1955, un de mes bars new-yorkais favoris était le Lenny’s Hideaway, dans Greenwich Village. Il était en sous-sol. Comme nous étions chics avec notre veste en tweed Harris, notre cravate en reps et notre chemise en tissu Oxford rose à col boutonné! Nous avions l’air tout droit sortis d’une publicité Ralph Lauren.
J’aimais bien aussi le 316, qui se trouvait au 316 East de la 54e Rue (même l’adresse a disparu aujourd’hui). Ce n’était pas la même clientèle: les hommes arrivaient tout droit de soirée en smoking. Nous les trouvions snobs, mais ils étaient furieusement glamour. Quand je fréquentais ces bars, surtout le Lenny’s, j’avais l’impression de prendre ma vie en main. Le danger était terriblement excitant. C’était effrayant, mais palpitant.
Simon Doonan, directeur artistique chez Barneys et chroniqueur à Slate.com
Le premier bar gay où j’ai mis les pieds se trouvait à Manchester, en Angleterre. Un dimanche soir pluvieux de 1970, je suis entré dans un pub ouvrier appelé le Rembrandt et j’ai trouvé (voilà!) mes semblables. Le Rembrandt était glauque et puant, mais très accueillant. La clientèle était un mélange détonnant de vieux et de jeunes, de snobinards et de gens simples, de laids et de beaux. Peu de buveurs de bière. Plutôt des amateurs de Babycham et de gin tonic.
Sur la scène se déroulait un numéro de cabaret (deux grands costauds en haut à perles et jupes de soirée crachaient du feu). En détournant mon attention, il a contribué à calmer mes nerfs de néophyte. Après les cracheurs de feu est apparue une drag-queen hors d’âge appelée Mère. Une vétérante de la première guerre mondiale à l’air famélique, qui s’est hissée sur le bar et a déclamé La Charge de la brigade légère à pleins poumons: «Dans la vallée de la mort, à 600 ils s’engouffrèrent».
Pour ajouter au surréalisme de la situation, elle portait une mini-robe imitation Courrèges et un collant beige qui laissait clairement voir sa jambe artificielle. «Elle l’a perdue dans la Somme», m’a chuchoté mon voisin. C’était du grand art. Marina Abramovic peut aller se rhabiller!
Tom Fitzgerald, tomandlorenzo.com
J’avais 28 ans quand mon premier copain m’a extirpé du placard, et il fut décidé que l’étape suivante serait mon entrée dans le monde gay. Il m’emmena au Woody’s, vénérable institution gay de Philadelphie et haut lieu de rendez-vous des jeunes et des moins jeunes.
Ayant été chassé de chez ses parents dix ans auparavant, il vivait pour le «milieu gay» et s’était trouvé des amis et une famille de substitution chez les torses-nus et les pantalons skinny. Ayant, de mon côté, passé la décennie précédente en plein déni, ma perception allait forcément être différente, mais nous étions tous les deux trop jeunes pour le comprendre.
Il a balayé la salle du bras comme s’il me présentait une cuisine équipée dans un jeu télévisé, et il m’a demandé: «Alors, qu’en penses-tu?». J’observais. Au bar, chaque tabouret était occupé par un homme deux fois plus vieux que moi. Derrière cette rangée, se trouvaient les jeunes et beaux, qui se faisaient offrir des verres. Et derrière encore, il y avait les oubliés. Ni vieux ni jeunes, n’ayant ni le bon look ni le bon corps, ils tripotaient leur verre en faisant semblant d’attendre quelqu’un, ce qui, en un sens, était le cas.
«Je trouve ça triste», ai-je dit, un peu bégueule. Son visage s’est décomposé. Ce soir-là, nous avons eu la première d’une longue série de disputes. Des années plus tard, ayant fait mon trou dans le milieu, j’ai compris que mon jugement à chaud avait été à la fois juste et erroné. Juste, car j’avais vu l’invisible, mais erroné, car j’avais sous-estimé le sentiment de communauté qui unissait des gens qui en avaient plus besoin que moi, et qui les réconfortait comme je ne le serais jamais.
J.D. McClatchy, poète et rédacteur en chef de la Yale Review
Rétrospectivement, il me semble que j’ai cherché un bar toute ma vie. Enfant, je jouais des heures durant au papa et à la maman avec mes petites voisines, ou bien je m’occupais d’un pauvre théâtre de marionnettes ou d’une épicerie de fortune: des «clubs» imaginaires, des lieux à part et accueillants.
Lycéen dans le centre de Philadelphie, j’avais même réussi à dénicher (au troisième étage d’un immeuble sentant le renfermé) la branche locale de la Mattachine Society. J’ai fait lentement tourner le présentoir… à la recherche de quoi? Durant mes études supérieures, je n’ai eu que ma main pour compagnon.
Pourtant, en première année à l’université de Georgetown, j’étais allé dans mon premier bar gay, le Georgetown Bar & Grill. Le bar n’était gay qu’un jeudi sur deux, pendant deux heures. Il y avait des tables communes et des pichets de bière. Je me suis assis, tremblant de ce que je pensais être de la peur mais était plutôt du désir que «quelque chose» se passe. Et quelque chose se passa. Mon voisin de tablée, un homme plus âgé, a posé la main sur ma cuisse et m’a proposé d’aller à une fête. Pendant un instant, je suis resté paralysé. Puis, sans payer, sans un mot, sans un regard en arrière, je me suis enfui.
J’ai fui vers le jour où, six ou sept longues années solitaires plus tard, j’ai osé retourner dans un bar gay, à New Haven (Connecticut). C’est idiot qu’il m’ait fallu si longtemps pour en arriver là, alors que j’allais dans cette direction depuis le début. Mais à cette époque (bien sûr, à Manhattan et San Francisco, c’était différent), le monde était volontairement et tristement vide. Nous n’avions que nos cœurs.
Val McDermid, écrivaine, dernier roman: Fever of the Bone
Mon premier bar gay était à Plymouth, en Angleterre, en 1975. Je faisais un stage au journal local, d’où ma présence dans cette ville pas gay-friendly pour un sou. J’avais fait mon coming-out à l’université, où étaient régulièrement organisées des soirées entre filles. Du coup, je n’avais jamais ressenti le besoin de fréquenter un bar.
Je ne me souviens pas du nom du pub, mais j’avais lu dans Gay News que le mercredi soir, l’arrière-salle était réservée aux gays. À croire que les autres soirs, nous étions censés rester cloîtrés chez nous. Ce qui m’a marquée à tout jamais dans ce bar, ce sont ses couleurs, qui allaient du jaune foncé au marron. La gaieté n’avait pas sa place ici.
Pire, j’étais l’unique femme. Quand je suis entrée, je jure que la salle est devenue silencieuse et m’a dévisagée, comme si personne n’avait jamais vu de jeune gouine en fleur. J’ai failli prendre mes jambes à mon cou, mais j’ai rassemblé mon courage et j’ai commandé un verre. Je n’y suis jamais retournée.
David Rakoff, écrivain, dernier roman: Half Empty
Je suis quasiment sûr que mon premier bar gay a été l’Uncle Charlie, dans Greenwich Village, entre la 6e et la 7e Avenue, aux alentours de 1982 ou 1983. Je devais avoir 18 ou 19 ans. J’ai commencé à fréquenter les bars gays assez tard, vu que j’ai commencé à boire de l’alcool assez tard, pas avant mes 25 ans, quand la haine de mon boulot m’a forcé à développer un penchant pour les boissons spiritueuses.
Avant ça, je détestais l’alcool (surtout la bière) et je craignais plus que tout l’abandon qu’il induisait. Les bars gays étaient un mélange explosif du côté désinhibant et libérateur de l’alcool et du regard insistant des hommes, choses dangereuses car désirées.
Il y avait des briques apparentes, des chansons de Chaka Khan ou des Weather Girls et une armée de clones en Levi’s serré et polo Izod aux couleurs de parfum de glace. Tout ça avait un air de la vie d’avant: colorée et pré-Act Up. Fumant par intermittence, faisant semblant de siroter ma bière et essayant de me fondre dans le décor en bougeant le moins possible, j’ai bien dû tenir 45 minutes.
Déjà à l’époque, j’avais compris que c’était un furoncle qu’il me faudrait soigner. Ce serait plus facile la fois d’après, et la fois d’après, jusqu’à ce que ça n’ait plus aucune importance, et que le fait d’aller dans un bar gay ne compte pas plus que de ne pas y aller. Et bien sûr, c’est exactement ce qui s’est passé.
L’Uncle Charlie a disparu depuis longtemps, comme toute la culture gay du West Village. C’est aujourd’hui un pseudo pub irlandais, le Fiddlesticks, un nom bien plus gay, si vous voulez mon avis.
Dan Savage, auteur de la chronique «Savage Love» et co-fondateur du projet It Gets Better
L’endroit s’appelait The Bushes, et il se trouvait à Chicago, sur Halsted Street, qui est toujours la rue la plus gay de la ville. Mon premier «vrai» copain m’y a emmené. J’étais bien trop jeune pour fréquenter un bar (et bien trop naïf pour fréquenter un bar gay), mais à l’époque, les bars étaient moins stricts. Je n’étais sûrement pas le seul gamin de 17 ans dans le bar, ce soir-là.
Le bar était sombre et sale, mais c’était un lieu public. Le premier lieu public où j’ai embrassé un mec, mon premier copain qui, pour des raisons trop longues à expliquer ici, s’est avéré être une terrible erreur de casting. Mais j’étais ravi d’être là, et ravi d’être avec lui cet été-là.
Je ne me souviens plus trop de l’endroit, mais je me rappelle ce que j’ai bu (un Long Island Ice Tea, à ma grande honte) et l’impression que j’ai eu en entrant dans ce bar pour la première fois. Cela faisait six années que je passais chaque heure de chaque jour à cacher mon homosexualité à ma famille, à mes amis, aux inconnus dans la rue et le métro. La pression était si forte que je suis surpris de n’avoir pas craqué.
Quand j’ai franchi ce seuil et que j’ai senti la pression se relâcher, j’ai été pris de vertiges. C’était comme un sas de décompression. Je suis étonné que mes oreilles ne se soient pas débouchées. The Bushes était le premier endroit de ma vie où tout le monde était gay, où l’homosexualité était la norme.
Le bar tirait son nom des fameux buissons («bushes» en anglais) de Lincoln Park, où des gays (et de soi-disant hétéros) baisaient anonymement. À l’époque, tous les bars gay avaient des noms en forme de clin d’œil («The Hideaway»: La Planque, «The Closet»: le Placard), pour que les gays les repèrent facilement dans l’annuaire. Il y a toujours un bar gay à l’emplacement du défunt Bushes, mais j’ai oublié son nom. Mais je suis certain que dans ce nouveau bar, aucun lycéen ne roule de pelles à son mec de 29 ans.
Pam Spaulding, rédactrice en chef de Pam's House Blend
J’ai longtemps habité à New York, pourtant c’est à Durham (Caroline du Nord) que je suis allée dans mon tout premier bar lesbien. C’était au début des années 1990. Les bars étaient regroupés dans le centre, dans un quartier sordide (à l’époque), près de hangars désaffectés.
C’était un club privé, avec un droit d’entrée de 5 dollars. Ma première impression: lugubre. Il y avait une petite piste de danse, où plusieurs femmes semblaient apprécier la musique que crachaient de mauvaises enceintes. Près de la piste, des butchs jouaient au billard. Au bar, des habituées discutaient avec des amies. Il y avait très peu de diversité ethnique: les femmes de couleur se comptaient sur les doigts de la main.
Je me suis assise au bar dans un nuage de fumée de cigarette et j’ai commandé un soda. En une heure, une seule personne m’a adressé la parole. Comment pouvait-on penser rencontrer quelqu’un dans un endroit pareil? Quelques années plus tard, j’ai créé avec une lesbienne de Durham TriangleGrrrls, une association qui propose aux lesbiennes des sorties sans alcool pour se rencontrer. C’est à une de ces réunions que j’ai rencontré ma future femme, Kate.
June Thomas
Traduit par Florence Curet


http://www.slate.fr/story/42675/mon-premier-bar-gay