« Notre position est claire : les couples homosexuels doivent pouvoir adopter dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels. La société française est assez mûre pour comprendre que l’orientation sexuelle ne doit pas être un facteur discriminant », pose Jérôme Guedj, le président PS du département, seul apte à délivrer l’agrément.
Mais attention, si Julie a reçu le sésame qui va lui permettre de lancer ses démarches, c’est avant tout « parce qu’elle répondait aux exigences en matière de profil psychologique et d’environnement familial », prévient Jean-François Kerr, directeur de la prévention et de la protection de l’enfance au département. En couple depuis des années, la jeune femme vit avec la fille de sa compagne. Elle a passé avec succès les cinq entretiens psychologiques, les cinq rendez-vous avec l’assistante sociale et la visite à domicile.
De petites avancées
« Cela permet de lever un tabou et de dire : oui, je suis lesbienne et oui, je veux élever mon enfant dans la vérité », se réjouit Jocelyne Fildard, de la Coordination lesbienne en France. « S’être déclarée homosexuelle est une démarche très courageuse car on sait à quel point les préjugés sont forts », renchérit Rémy Marie, président d’Angel 91, l’Association nouvelle des gays et lesbiennes. En Essonne, depuis 2009, seules deux personnes ont indiqué dans leur dossier être homosexuelles.
Si Julie est la première lesbienne déclarée à obtenir le sésame d’un conseil général, depuis plusieurs années, la justice française regarde avec pragmatisme les cas de familles homoparentales, d’autant que la jurisprudence européenne leur est souvent favorable. Ainsi, en 2009, le tribunal administratif de Besançon (Doubs) avait condamné le conseil général du Jura pour avoir refusé d’accorder l’agrément d’adoption à une femme n’ayant jamais caché son homosexualité. En mars dernier, c’est le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) qui a accordé l’autorité parentale partagée à un couple de femmes homos, et la cour d’appel de Paris a reconnu la validité en France de deux adoptions conjointes prononcées à l’étranger au profit de couples de même sexe. Des avancées à petits pas, mais qui constituent autant de précédents en matière de jurisprudence.
Quant à Julie, elle a désormais cinq ans — la période de validité de l’agrément — pour réussir son combat et élever son bébé avec la femme qu’elle aime.
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