dimanche 12 juin 2011

A Gay Girl in Damascus - Une lesbienne à Damas

Depuis son "rapt", l’identité de la bloggeuse syrienne reste un mystère et crée le doute.

Amina Abdallah Araf al Omari a disparu, mais a-t-elle jamais existé ? Jusqu’à lundi, l’identité de l’auteure du blog A Gay Girl in Damascus - Une lesbienne à Damas - ne faisait pas débat. Dans son premier post, en février 2011, la bloggeuse se présente comme une Américano-syrienne ayant choisi de vivre à Damas après un mariage raté et un coming out l’année de ses 25 ans. Au fil des mois et au gré de la révolte syrienne, Amina A. devient l’une des voix de la dissidence au régime de Bachar El-Assad, "l’ultime outsider" comme elle se définit. En mai dernier, le quotidien britannique The Guardian va jusqu’à la qualifier d’"héroïne de la révolte syrienne".

Mais lundi, un post a semé la panique puis le trouble sur la toile. Celui-là n’est pas d’Amina. L’auteur se présente comme sa cousine. D’après elle, la jeune femme a été kidnappée en pleine rue quelques heures plus tôt par trois hommes armés, "des membres des forces de sécurité".

Ses photos étaient celles d'une Britannique
Aussitôt, la blogosphère s’enflamme. Pour venir en aide à Amina, bloggeurs et journalistes cherchent à en savoir plus sur elle. Mais c’est l’impasse. La photo que la bloggeuse avait fait parvenir au Guardian pour illustrer son portrait se révèle être celle d’une Londonienne qui assure ne pas la connaître. Les quelque 200 photos postées par Amina sur son profil Facebook sont également des photos de la Britannique.

Amina a-t-elle piraté ces photos se protéger ? Peut-être. Cacher sa véritable identité est un procédé classique pour les dissidents politiques. Son nom aussi pourrait être un emprunt...

Le problème c'est que personne n’a confirmé avoir rencontrée la bloggeuse… exception faite, bien sûr, de sa cousine Rania, auteure des derniers posts du blog. Les journalistes de CNN et du Guardian qui ont interviewé la bloggeuse, ont échangé avec elle uniquement par mails. Une amie d’Amina, Sandra Bagaria, qui vit à Montréal s’est tout de même manifesté. Dans des entretiens au Times, à la BBC et à Al Jazeera, elle a expliqué avoir échangé depuis janvier plus de 500 mails avec elle. Mais elle n’a jamais discuté avec elle par Skype ou par téléphone. A l'ambassade américaine en Syrie, on déclare toujours chercher à obtenir plus d'informations sur son identité.

L'authenticité du blog en question
Des soupçons sur l’authenticité du blog avaient déjà émergé en avril. Dans un post, intitulé My Father, the Hero - Mon père, ce héros - la bloggeuse racontait comment son père avait empêché deux agents de sécurité de l’arrêter. Beaucoup d’internautes avaient été "émus aux larmes" par le récit. Mais le post avait aussi suscité quelques commentaires dubitatifs de la part de "Syriens" : "es-tu sûre que c’est arrivé en Syrie ?" écrivait l’un d’eux tandis qu’un autre relevait : "ce n’est pas cohérent".

Le blog d’Amina est-il un hoax, une "cyber-supercherie" ? "Il y a quelque part une forme de vérité", veut croire, Andy Carvin en charge des communautés en ligne à la radio publique américaine NPR. De fait, il y a bien quelqu’un derrière ce blog et si tout n’est pas tout à fait vrai, tout n’est peut-être pas non plus tout à fait faux. Un des premiers posts d’Amina, intitulé Un roman ? Une autobiographie ? Hé bien oui !, semble livrer un début de réponse. Au sujet d’un livre qu’elle projette d’écrire depuis des années, elle s’interroge : "jusqu’où modifier pour protéger l’identité des gens ?"

http://www.europe1.fr/International/Amina-heroine-ou-icone-virtuelle-582983/

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