lundi 13 juin 2011

Stand up pour Renée Vivien

Renée Vivien, née en 1877 à Londres et morte en 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », c'est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.

Crystie Cyane a trés joliment résumé qui était Renée Vivien

"Vivien fut la première femme à oser affirmer son amour exclusif pour les femmes, ses désirs et ses fantasmes.

• Travaillant sans relâche, elle donna aux lesbiennes des poèmes où elles pourraient enfin se reconnaître. Les écrits de Vivien étaient adressées aux générations futures. Elle savait que son époque n’était pas prête à entendre ses amours et ses revendications. "

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Vous pour qui j’écrivis

Vous pour qui j’écrivis, ô belles jeunes femmes !
Vous que, seules, j’aimais, relirez-vous mes vers
Par les futurs matins neigeant sur l’univers,
Et par les soirs futurs de roses et de flammes ?

Songerez-vous, parmi le désordre charmant
De vos cheveux épars, de vos robes défaites :
"Cette femme, à travers les sanglots et les fêtes,
A porté ses regards et ses lèvres d’amant."

Pâles et respirant votre chair embaumée,
Dans l’évocation magique de la nuit,
Direz-vous : "Cette femme eut l’ardeur qui me fuit…
Que n’est-elle vivante ! Elle m’aurait aimée…"

____________(À l’heure…, 1906)


Union

Notre cœur est semblable en notre sein de femme,
Très chère ! Notre corps est pareillement fait.
Un même destin lourd a pesé sur nos âmes,
Nous nous aimons et nous sommes l’hymne parfait.

Je traduis ton sourire et l’ombre sur ta face.
Ma douceur est égale à ta grande douceur,
Parfois même il nous semble être de la même race…
J’aime en toi mon enfant, mon amie et ma sœur.

Comme toi j’aime l’eau solitaire, la brise,
Les lointains, le silence et le beau violet…
Par la force de mon amour, je t’ai comprise :
Je sais exactement quelle chose te plaît.

Voici, je suis plus que tienne, je suis toi-même.
Tu n’as point de tourment qui ne soit mon souci…
Et que pourrais-tu donc aimer que moi je n’aime ?
Et que penserais-tu que je ne pense aussi ?

Notre amour participe aux choses infinies,
Absolu comme sont la mort et la beauté…
Voici, nos cœurs sont joints et nos mains sont unies
Fermement dans l’espace et dans l’éternité.

____________(Sillages, 1908)

Je t'aime d'être faible...

Je t'aime d'être faible et câline en mes bras
Et de chercher le sûr refuge de mes bras
Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.

Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,
Frêle image de la Déesse de l'automne
Que le soleil couchant illumine et couronne.

Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit
Et de parler très bas et de haïr le bruit,
Comme l'on fait dans la présence de la nuit.

Et je t'aime surtout d'être pâle et mourante,
Et de gémir avec des sanglots de mourante,
Dans le cruel plaisir qui s'acharne et tourmente.

Je t'aime d'être, ô soeur des reines de jadis,
Exilée au milieu des splendeurs de jadis,
Plus blanche qu'un reflet de lune sur un lys...

Je t'aime de ne point t'émouvoir, lorsque blême
Et tremblante je ne puis cacher mon front blême,
Ô toi qui ne sauras jamais combien je t'aime !

____________(À l'heure…, 1906)

http://www.reneevivien.com/integ.html

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